Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/119

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que Madagascar devait fournir aux îles, on les attendait encore, bien que le baron promît des milliers de livres de riz et des centaines de bœufs dont il faisait, d’ailleurs, varier les chiffres d’une lettre à l’autre.

Ternay adressa au duc d’Aiguillon personnellement le 6 septembre 1774 une lettre où il exposait toute sa conduite à l’égard du baron. Il rappelait qu’il l’avait supplié de ne partir qu’à la fin de la mauvaise saison, quand son premier détachement aurait pu construire au moins un magasin pour mettre les vivres à couvert. Rien n’avait pu le retenir et, comme il était indépendant de par ses ordres, Ternay n’avait pu lui donner que des avis dont il n’avait tenu aucun compte. C’est ainsi qu’il avait pris position à l’endroit le plus malsain et le plus pestilentiel de toute l’île, qu’il ne tenait Ternay au courant de rien, supposant sans doute que celui-ci ne pourrait rien savoir des pertes qu’il avait faites, parce qu’il avait interdit d’écrire et qu’il interceptait les lettres ; mais on avait tout connu par des correspondances particulières et par le chirurgien de l’établissement. Le gouverneur se plaignait qu’on n’eût pas confiance en lui ; sa façon de servir méritait, lui semblait-il, qu’on l’eût mis dans la confidence de la mission confiée à Benyowszky, tandis qu’il n’en connaissait pas le premier mot. Pour Maillart, n’ayant reçu ni les listes des morts, ni les inventaires des successions, ni aucun compte d’aucune espèce, il fit au baron la réclamation dont il a été parlé plus haut, en envoya copie au ministre et ajouta : « Elle vous prouvera, Monseigneur, que le désordre qui règne à Madagascar, depuis le commencement de cet établissement, continue et augmente même chaque jour. Que peut-on au surplus espérer des opérations d’un homme qui établit le despotisme pour principe, qui méconnaît lois, usages, convenances, qui, d’ailleurs, se regarde comme indépendant du gouvernement de l’île de France, qui se retranche continuellement derrière des instructions particulières à lui données en France, qui, d’après cela, me regarde comme