Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vous somme, écrivit-il, au nom du roi, notre maître, d’envoyer à Madagascar un officier supérieur capable de commander, à qui je puisse confier le gouvernement, en attendant que la cour en nomme un autre… Vous aurez pareillement agréable d’envoyer des provisions en farines et boissons, ainsi que toiles, fusils, poudre de guerre et une certaine somme pour la solde de la troupe, avec un détachement de 50 soldats, conduits par un officier. Vous perdrez l’établissement de Madagascar par le moindre retardement, et je vous rends responsables vis-à-vis du roi et du ministre dans le cas où vous aurez agi contre ma sommation. »

Si l’on songe que Benyowszky, dans ses lettres précédentes à Ternay, se donnait comme maître de toute l’île, énumérait les tributs en riz, en esclaves et en bœufs qui lui étaient payés par des milliers de sujets, on conviendra que la peinture de sa détresse pouvait paraître suspecte. Le ton dont il usait ne convenait guère d’ailleurs, parlant à des hommes qui, après tout, ne lui étaient pas subordonnés.

Ternay, poussé à tout, fit dès leur réception tirer copie de ces diverses pièces et les envoya au duc d’Aiguillon avec une lettre où il disait : « Il eût été à désirer, Monseigneur, que vous eussiez bien voulu m’expliquer si M. de Benyowszky est absolument indépendant du gouvernement de l’île de France, ce que je souhaite très fort, le ministre a pu le voir dans mes différentes dépêches. Cependant, la lettre commune du 16 octobre 1774 et qui nous dit de donner des ordres à Madagascar, pour que le sieur Bourdé de la Villehuet ne soit pas inquiété, semble annoncer une dépendance. C’est cette même lettre et cet ordre que vous m’avez donné qui ont si fort gendarmé M. de Benyowszky. Je ne lui ai pas donné d’ordres, je lui ai fait passer les vôtres, et je le prie aujourd’hui de mettre fin à sa correspondance littéraire dans laquelle je ne vois que de l’aigreur. Vous avez vu la mienne, je pense que vous n’y aurez vu jusqu’à présent que de l’aménité et une envie décidée de voir réussir ses projets. Les conseils que je lui donnais, et non point des ordres,