Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/122

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étaient dictés par ce seul motif. La sommation impérieuse qu’il fait au gouvernement de l’île de France me ferait presque douter s’il ne se croit pas également commandant de ces îles-ci. Je ne sais, Monseigneur, quels peuvent être les ordres donnés à M. le baron de Benyowszky, qui se trouve actuellement en guerre avec les noirs des environs de la baie d’Antongil. Si je veux m’en rapporter à la lettre commune du 19 mars 1773, n° 65, il n’était question que d’un seul établissement, à la faveur duquel l’on se serait procuré, avec des effets de traite, du riz et des bestiaux des habitants du pays, que l’on aurait insensiblement accoutumés à voir les Français établis chez eux. Si c’est là le projet, M. de Benyowszky a plus de monde qu’il ne lui en faut encore pour s’y maintenir, malgré tous les noirs qui pourraient l’y attaquer. Selon son propre calcul, il doit avoir 212 hommes. Si, au contraire, il a ordre de soumettre toute l’île de Madagascar, comme je vous en ai rendu compte, en vous envoyant un extrait de ses lettres, les 50 hommes qu’il demande à l’île de France, et dont il y aurait la moitié de morts six semaines après leur arrivée, ne suffiraient pas, à beaucoup près, pour une pareille conquête. J’attends vos ordres avant de faire un envoi de ce genre, du moins aussi considérable. Je ferai partir la corvette du roi la Dauphine, sous huit jours. M. Maillart enverra des habillements avec des effets de traite et autres provisions de bouche. J’y ferai passer un millier de poudre pour le service de la troupe, et M. le chevalier de Tromelin restera, jusqu’à la fin de janvier (1776), dans la baie d’Antongil, pour seconder M. le baron de Benyowszky dans la défense de son poste principal, s’il est attaqué. Les hostilités actuelles des noirs de Madagascar sont contradictoires avec les dernières lettres de M. le baron de Benyowszky, qui annonçait que toute l’île depuis le Fort-Dauphin jusqu’au cap d’Ambre, était soumise et tributaire du gouvernement français. Ce commandant doit vous en avoir rendu compte. Je vous fais cette observation sans fiel aucun, et je désire que tout ce que la cour a espéré de cet établissement