Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/124

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pour l’État, inutile par lui-même et nuisible au commerce, sans compter que la mauvaise saison emportait la plupart des hommes : « Nous avons pu juger, dit Bourdé, de la vérité de ce dernier fait à l’aspect des 13 soldats, du commandant et du chirurgien, qui avaient plutôt l’air de momies ambulantes que d’hommes vivants. C’était toute la garnison d’une méchante palissade carrée que l’on nomme le fort Français, et qui, dans le vrai, n’est qu’un taudis de nègres, sans force ni défense, puisqu’il n’est formé que par des pieux de 4 à 6 pouces de diamètre et de 7 à 8 pieds de hauteur au-dessus du sol, dans lequel ils sont enfoncés de 2 pieds environ, en se touchant les uns les autres. Cet entourage de palissades renferme la case où loge l’officier, un magasin à la mode du pays et quelques autres cases où logent les soldats. C’est tout ce qu’on a pu remarquer, pendant le peu de temps que nous avons été à Foulepointe, où l’on n’a pas manqué de nous défendre toute espèce de commerce. Le 19 d’août, ajoute Bourdé, j’ai reçu une lettre du baron de Benyowszky, avec permission de traiter du riz sur toute la côte et défense d’y traiter des noirs. Aussi mes officiers n’ont pu remplir leurs ports-permis, quoique tous les gens de M. le baron offrent des esclaves, mais à si haut prix qu’on n’en achète point. Cependant, deux officiers du vaisseau en ont acheté pour domestiques à 55 piastres, l’un avec M. de la Boullaye, l’autre avec un interprète nommé la Broche. Si on avait voulu plusieurs esclaves à ce prix, on aurait pu s’en procurer, malgré les défenses, puisqu’elles ne paraissent faites que pour les négociants et que les gens de la colonie s’en dispensent. Sur l’île de Sainte-Marie, il n’y a ni établissement, ni poste, de la part du gouverneur général de l’île Dauphine. J’ai eu recours à M. de Benyowszky pour me procurer ce qu’il avait de riz en magasin à son fort Saint-Maurice, à Angontsy, qu’il s’est décidé à me vendre 1 piastre 1/2 le cent, et il m’en a fait livrer 74,365 livres à ce prix, conformément au reçu de son officier, M. Diard.

« Le fort Saint-Maurice consiste en une palissade pareille à celle de Foulepointe.