Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/123

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puisse se réaliser. Je m’en remets, d’ailleurs, à la voix publique pour le jugement que le ministre voudra en porter. Je lui fais observer seulement qu’il est à désirer que les ordres donnés par la cour soient si clairs, que personne n’y puisse donner interprétation. Je joins ici la liste générale des personnes qui ont passé à Madagascar. Vous pourrez juger de la mortalité par l’aveu lui-même de M. de Benyowszky qui avoue 124 morts, d’où je résume qu’il doit avoir encore avec lui 212 blancs et 23 noirs sortis de l’île de France. Mais tous les calculs que je pourrais faire seraient toujours fort incertains et mon opinion sera la même dans tous les temps, c’est-à-dire que j’ai vu jusqu’à présent tant de contradictions dans les différentes lettres de M. de Benyowszky que je ne peux ajouter foi à tout le pathétique de sa situation, surtout si l’on en juge par l’immensité des envois qui lui ont été faits. Son discours, joint à la sommation de tout un corps que je ne connais pas, me paraît une vraie scène de théâtre et qu’il est inutile de commenter. »

En réalité, Benyowszky qui avait, le 20 septembre 1774, 150 hommes en tout, y compris les officiers, n’en avait plus en janvier 1775 que 119, en septembre que 92 et le 1er janvier 1776 91. Tout cela ressort d’états signés de sa propre main.

Le capitaine Bourdé, commandant le navire particulier le Salomon, qui était à Madagascar en 1775, nous apporte un témoignage à l’appui des dires de Ternay. Il ne dit rien de positif sur l’état actuel du chef-lieu que M. de Benyowszky avait formé dans la baie d’Antongil et nommé Louisbourg. Il sait seulement que c’est l’endroit le plus malsain de Madagascar. Il était lui-même arrivé à Foulepointe, le 9 juillet 1775, à la nuit close. Le 10 au matin, il avait envoyé un officier à terre pour remettre à M. de la Boullaye, officier des Volontaires de Benyowszky, les paquets dont il avait été chargé par M. de Ternay pour le baron. La Boullaye revint à bord avec l’officier et y dîna, convenant dans la conversation que l’établissement était dispendieux