Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/140

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midi et 1 heure, ils arrivèrent au poste appelé le fort Saint-Jean. La rivière, large de 150 à 180 toises, commençait à s’encaisser à une lieue de Louisbourg, entre des bords élevés de 15 à 18 pieds. Plus loin, le pays était très découvert et la rivière sur un espace d’une dizaine de lieues traversait une belle plaine sablonneuse couverte de hautes herbes, de bananiers, d’arbustes et de bouquets de bois. Il y avait, dans le courant, beaucoup d’îles, toutes verdoyantes, et de l’aspect le plus agréable. Le fort Saint-Jean, situé à 3 lieues de Louisbourg, n’était qu’un petit entourage de pieux avec un fossé de 4 à 5 pieds garni de 2 petites pièces d’artillerie d’une livre de balles, mais il était en mauvais état, et, à vrai dire, avait besoin d’être renouvelé. 7 ou 8 cases à la mode du pays formaient des logements pour les 2 officiers, les 9 volontaires et quelques négresses et noirs libres, attachés à l’établissement. La situation du poste eût été fort agréable, car on avait pour perspective, au delà de larges plaines, des coteaux et des petites montagnes, s’il n’y avait eu, à cent pas du fort, un marais. Tout était encore dans l’état de nature, sauf quelques terrains jadis défrichés par les naturels. Les soldats du poste, bien qu’ils eussent l’air presque aussi malades que ceux de Louisbourg, déclarèrent qu’ils se portaient mieux en cet endroit, et les commissaires donnèrent l’ordre d’y transférer l’hôpital. À 3 heures après-midi, ils se remirent en route. Ils firent encore 2 ou 3 lieues sur la rivière, au travers du plus beau pays du monde. On rencontrait de temps en temps des villages d’indigènes : mais ils paraissaient peu habités, au grand étonnement des inspecteurs. Vers 5 heures du soir, les pirogues pénétrèrent dans une sorte de gorge montagneuse d’une lieue environ de longueur et abordèrent à la plaine de Santé vers 7 heures. Comme le jour commençait à tomber, les commissaires se contentèrent de parcourir les jardins et les petits défrichements que le baron avait fait faire, lorsqu’il séjournait là. Ils virent avec plaisir que le café et les cultures de l’île de France y réussissaient bien, mais il leur parut que le climat