Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/141

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devait être aussi dangereux qu’à Louisbourg, En effet, la maison principale qui n’était qu’un bâtiment en bois de 64 pieds de long sur 30 de large, couvert en bardeaux, était placée sur le bord de la rivière et au pied d’une montagne ronde en forme de pain de sucre, sur le sommet de laquelle le baron avait fait élever un fort qu’il appelait fort Augusta. Toute cette partie de la rivière et la montagne même étaient entourées de montagnes plus élevées, qui n’étaient séparées les unes des autres que par des gorges et des vallons fort étroits, de sorte que les pluies y accumulaient une grande quantité d’eau. Cette humidité, jointe au brouillard de la rivière, rendait le lieu malsain et dangereux. La position militaire n’était pas meilleure, car il ne paraissait pas possible, sans un nombre considérable de soldats, de surveiller les gorges qui, à travers les montagnes, permettaient de pénétrer jusqu’à l’établissement. Les commissaires se transportèrent le lendemain au pied du fort Auguste, dès que le soleil eut commencé à dissiper les brouillards très épais qui s’élèvent de la rivière. On parvenait au sommet de la montagne par un petit sentier à pic, où l’on avait pratiqué des degrés. Il y en avait 150. « C’était, dit La Pérouse, un fort d’où l’on ne pouvait tirer qu’aux corneilles. Des ennemis auraient pu s’établir au pied sans avoir à craindre ni coups de canon ni coups de fusil et auraient réduit à mourir de faim et de soif ceux qui seraient assez fous pour s’être juchés en haut. » Le fort était, comme le fort Saint-Jean, un carré de palissades à demi pourries de 50 pieds sur chaque face. Il y avait dans cette espèce de fortification 3 paillottes servant d’habitation aux 10 volontaires qui formaient toute la garde de l’établissement. L’artillerie, placée de façon à mitrailler les oiseaux, consistait en 4 pièces de 3.

C’est de cette hauteur que les commissaires purent enfin apercevoir cette plaine si vantée de la Santé, dont Benyowszky parlait dans sa correspondance comme d’un séjour enchanteur et dont les plans transmis par lui en France portaient l’image de nombreuses maisons,