Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/144

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l’analyse a été publiée par M. Grandidier, précise encore mieux la vérité sur cette prétendue soumission des gens de Boueni et de Bombetok. Il ressort de ce récit qu’il fut arrêté par les Sakalaves à une assez grande distance de Bombetok et obligé de battre en retraite. Il faillit périr dans les embuscades qu’ils lui tendirent et revint sans avoir réussi dans son projet. Il en repartit en novembre 1774, et se dirigea vers le nord en suivant la côte. Il atteignit l’embouchure de la rivière Nodo par 12°38’ de latitude nord et c’est de là qu’il ramena les bœufs dont il est parlé dans le récit de La Pérouse. Il est probable que ce dernier a confondu en une seule les deux expéditions. Le journal des inspecteurs nous renseigne aussi sur l’autorité que le baron s’attribuait à l’égard des indigènes de l’île. La guerre la plus sérieuse que les Français eurent dans la région, d’après La Pérouse, n’était point injuste dans son principe, mais eut les conséquences les plus funestes. Benyowszky avait un jour assemblé un ‘‘cabarre’’ pour proposer aux noirs quelque arrangement. Il était au milieu d’eux, quand il entendit pousser le cri : « Tue ! tue ! » En même temps, plusieurs coups de fusil éclatèrent autour de lui. Il ne fut pas atteint et, tombant sur les noirs à coups de canne, il se dégagea, fit tirer en l’air quelques coups de canon et, quand les noirs se furent dispersés, il demanda la punition des chefs qui avaient osé faire tirer sur lui et dont il savait les noms. Les autres chefs répondirent qu’on avait eu tort de vouloir l’assassiner, mais qu’ils ne pouvaient lui livrer les coupables, parce qu’ils étaient leurs parents et leurs amis. De là, grandes contestations, enfin la guerre. Benyowszky appela à son secours la tribu des Sambarives, qui habitait aux environs de Manahar, et, avec l’aide de 600 de leurs guerriers, il chassa de leurs villages les Antamaroas, voisins de sa colonie. Par suite de la guerre, les terres étaient restées en friche et il y eut une famine horrible dans toute la contrée. Enfin, en l’été 1776, Benyowszky avait rappelé les Antamaroas dans leurs villages, tout en donnant des terres aux Sambarives, ses alliés. Mais,