Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/151

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chargé de faire une conquête et de fonder une colonie. Ce projet paraît actuellement trop dispendieux pour être réalisable. Il en coûterait trop de vies humaines et d’argent.

« Quant aux droits de propriété que le baron prétend dans ses lettres avoir acquis sur tout ou partie de l’île, il est évident qu’il en a imposé. On voit bien que les indigènes ne nous supportent que par terreur. Ils ont d’ailleurs tenté de s’opposer à l’établissement du baron à la plaine de Santé et celui-ci n’a triomphé des Saphirobays ou Antamaroas qu’en appelant à l’aide les Sambarives de Manahar, qui ont tout brûlé et tout ravagé dans la vallée de la Tanqueballe. Hyavi, chef de Foulepointe, de tout temps ami des Français, avait d’abord refusé de seconder M. de Benyowszky dans sa guerre contre les Sakalaves ; il ne lui fournit en tout que 25 hommes, ce qui a forcé le baron à camper trois semaines avec sa troupe aux environs de Manahar et à se replier sur Louisbourg, sans avoir rien fait. Quant aux tributs et redevances, M. de Benyowszky assure qu’il y en a de convenus, mais on n’en peut avoir d’autres preuves que ses affirmations. Sur les traités et engagements conclus entre la nation française et les chefs madécasses, le baron a répondu qu’il les avait envoyés en France : il est d’ailleurs certain que le nombre des auxiliaires qu’il pourrait rassembler est infiniment au-dessous de ce qu’il dit : il aurait bien de la peine à en rassembler 3,000. »

Ainsi, des réponses de Benyowszky, lui-même, ressortait une réfutation de ses propres lettres. L’île qu’il représentait comme conquise, il ne l’avait pas même parcourue ; les Français étaient harcelés même sur les côtes de la baie d’Antongil. La grande guerre faite aux Sakalaves et qui avait donné prétexte à de véritables dithyrambes n’avait pas eu lieu. Il n’y avait pas de villes, pas de forteresses, pas de bâtiments ; seules, les dépenses étaient réelles. Elles atteignaient 1,799,100 l. 1 s. 15 d., non compris la perte de la Sirène, évaluée 250,000 livres. Il n’y avait de vivants dans les postes que 86 soldats, 120 Français en tout en comptant les ouvriers et les