Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/152

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employés. On avait perdu 300 personnes depuis 1773. Benyowszky ne paraît pas avoir été fort ému des honteuses contradictions auxquelles l’enquête l’obligeait. La Pérouse parlant un jour avec lui du peu d’utilité que la France tirerait du séjour qu’il avait fait à Madagascar, le baron lui répondit qu’une leçon de 2 millions n’était pas trop chère pour apprendre au ministère qu’on ne pouvait rien faire en petit à Madagascar ; mais que si l’on voulait, sur des fonds particuliers, avoir ici une petite marine, lui donner 2 millions par an et entretenir son corps à 600 hommes, ce qui supposait 4 à 500 hommes de recrue par an, il croyait que, dans vingt ans, cette colonie aurait déjà fait de grands progrès. La Pérouse lui ayant demandé quelles étaient ses vues lorsqu’il était arrivé à Madagascar, il répondit : « De réduire les peuples à faire ce que le roi voudrait et qu’il n’avait jamais bien connu les intentions du gouvernement à cet égard. » Bellecombe ayant dit que la conquête de Madagascar ne pouvait être que fort difficile, Benyowszky déclara que c’était une véritable folie de la tenter. Pourtant il ajouta que « si la France y renonçait, il ne désespérait pas de l’offrir et de la faire agréer à l’empereur, au roi de Prusse ou au Grand Mogol ». Cela paraît contradictoire et l’on ne voit pas bien ce que Benyowszky pouvait offrir : mais lui pensait déjà, sans doute, à ce qu’il ferait si l’on cessait de l’employer soit à Madagascar, soit ailleurs.

« En examinant le tout de sang-froid, écrit Bellecombe, à la fin de son rapport, on peut s’écrier avec raison : « Quel tableau ! Quelle misère ! Quelle administration ! Quelle chimère ! » Aujourd’hui nous sommes convaincus, et tout le prouve, que jamais le gouvernement n’a été entretenu dans l’erreur comme il l’est encore, depuis que M. de Benyowszky lui rend compte de ce qui le concerne ! »

Il rappelle que Benyowszky avait accusé Ternay et Maillart d’avoir fait vendre le riz à l’île de France 45 livres le quintal. Or, Ternay avait prouvé que ce prix avait varié de 25 à 30 livres seulement. Benyowszky avait écrit de sa main dans ses réponses au questionnaire