Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/159

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16 août 1776. Mais, ce jour-là, trois chefs demandèrent au baron une audience au nom de leur nation. Avec eux étaient venus 1,200 noirs précédés des étendards de leurs provinces. L’un des chefs lui tint le discours suivant que le lecteur appréciera comme il le mérite : « Béni soit le jour qui t’a vu naître ! Bénie soit l’heure où tu as mis le pied dans notre île ! Les chefs et capitaines malgaches ont appris que le roi de France se propose de mettre un autre en ta place et qu’il est irrité contre toi, parce que tu as refusé de nous livrer à sa tyrannie. Leur amour, ainsi que leur attachement pour toi, m’oblige de te révéler le secret de ta naissance et de tes droits sur cette immense contrée dont tout le peuple t’adore. L’esprit de Dieu qui règne sur nos cabars a inspiré à tous les chefs et capitaines de s’engager par serment à te reconnaître pour leur Ampansacabé, à ne plus te quitter et à défendre ta personne au prix de leur vie contre la violence des Français. »

Or, on sait qu’à cette date du 16 août 1776, rien ne menaçait Benyowszky ; il ignorait même la prochaine arrivée des commissaires. Après les indigènes, trois officiers, à la tête de 50 hommes, lui déclarèrent « qu’ils étaient tous bien déterminés à donner leur vie, plutôt que de lui voir quitter l’île, que par rapport à eux-mêmes, comme ils avaient des liaisons avec les naturels, ils étaient bien déterminés à faire leur séjour dans cette île, et qu’en conséquence ils le priaient de ne plus les regarder comme des officiers, mais comme des hommes dévoués à ses intérêts. »

Il leur fit des objections : mais ils répondirent qu’officiers et soldats étaient tous d’accord avec les chefs indigènes et que rien ne les empêcherait d’accomplir leur projet.

Donc, le 17 août au matin soixante deux chefs se rendirent au cabar, dans une grande salle sur laquelle on avait arboré le drapeau bleu que Benyowszky adoptait désormais au lieu et place du drapeau blanc. L’un des chefs, parlant au nom des autres, lui dit : « Nous, princes et capitaines, ici assemblés et représentant la