Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/176

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à ses bailleurs de fonds, et attribua même à Mayeur la qualité d’intendant chargé de gérer les domaines de Madagascar.

Il s’engageait, en retour des frais faits par Zollichofer et Meissonier, à charger le vaisseau l’Intrépide de nègres de bonne constitution, sains et exempts de toute maladie, pour être vendus au cap de Bonne-Espérance ou à Saint-Domingue ; les fonds seraient passés au crédit de la société. « Comme le point principal dudit établissement dans l’île de Madagascar est pour la traite, trafic et exportation des noirs pour l’étranger », Benyowszky donnait sa parole d’honneur de multiplier autant que possible les envois, toujours aux soins de Zollichofer et de Meissonier. Ils étaient autorisés à prélever sur la première expédition leur première mise de fonds de 62,880 livres, avec 100 % de bénéfices, ces profits ne devant jamais leur être contestés. Ils auraient 5 % sur les envois et les retours, à titre de commission et sans préjudice de leurs autres droits. Tous les frais de l’expédition seraient faits par la société de Benyowszky, laquelle assurerait à Londres le vaisseau pour 3,500 livres sterling. Les prêteurs devaient recevoir 50 % sur la valeur des retours des 2e, 3e, 4e, 5e et 6e années, la société étant faite pour six ans et tenir compte du reste à leurs associés. Benyowszky leur donnait 2,000 arpents de terre et la ville de Mauritanie à Madagascar.

Dans ce contrat, léonin en apparence, les bailleurs de fonds, malgré leur âpreté, étaient encore dupés. L’expédition partit le 21 octobre 1784 de Baltimore : elle se composait d’un beau navire de 5 à 600 tonneaux, nommé l’Intrépide ; il y avait à bord 62 personnes, dont 4 femmes. Les associés s’étaient liés par un serment ; ils devaient reconnaître dans toutes les occasions le baron pour leur chef. Tous s’embarquaient, sauf les sieurs Petit, Biskin, Magellan, Zollichofer et Meissonier. Le principal de la cargaison consistait en 300 barriques de poudre à canon et 55 caisses de 25 fusils chacune, en instruments et ustensiles pour l’agriculture et pour la construction, en toiles, draps, eaux-de-vie et vivres pour les 62 personnes