Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/177

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qui composaient l’équipage. À la fin de décembre, le navire s’échoua pendant la nuit sur la côte de Brésil. Ce n’est que par l’habileté et les bonnes dispositions du capitaine Davis qu’on put le remettre à flot. On dut même faire le sacrifice de 10 pièces de canon, sur les 20 qu’il portait. On relâcha par 3°15’ de latitude pour réparer le dommage et prendre des vivres ; mais le pays étant mal peuplé et mal cultivé, on ne put charger que quelques tonneaux de manioc et de l’eau. En cet endroit, les frères Texier, soit que cette mésaventure les eût dégoûtés, soit qu’ils fussent effrayés de l’avenir, se séparèrent de leurs compagnons. Les autres se mirent en mer le 7 mars 1785, et, le 4 mai, ils passèrent à la hauteur et à 12 ou 15 lieues du cap de Bonne-Espérance. Ils étaient en proie à la famine : la ration avait été réduite à deux livres de farine de manioc par semaine. Malgré cette détresse, il n’y eut pas moyen de décider le baron à relâcher au Cap : souffrances et murmures de l’équipage, représentations de ses associés, rien ne put l’émouvoir. Peut-être craignait-il d’être abandonné par ceux qui l’accompagnaient, peut-être aussi redoutait-il de voir la France ou l’Angleterre contrarier son entreprise. Quoi qu’il en soit, on continua de naviguer dans l’espoir d’arriver bientôt à la baie d’Antongil, lieu choisi pour l’établissement. Le comte avait promis de se ravitailler à la première terre qu’il verrait ; il avait tant prodigué les promesses que les mécontents s’étaient un peu calmés. La ration fut réduite à 1 livre 1/2 de manioc par semaine ; la viande manqua, mais le chef fut accusé de s’en être réservé pour son propre usage.

Enfin, le 22 mai, le vaisseau se trouva devant Sofala ; on jeta l’ancre dans ce port et l’on put s’y réapprovisionner avec l’aide des Portugais. Au bout de trois semaines, l’Intrépide fit route pour Madagascar ; le vont du sud-ouest l’empêchant de doubler le cap de Sainte-Marie, Benyowszky résolut d’aborder à la côte occidentale, et à la fin de juin, il mouilla en vue du cap Saint-Sébastien. Il fit avertir de son arrivée le principal chef de la région qui se