Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/179

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et se présenta avec une cinquantaine de gardes seulement. Benyowszky lui demanda de conclure l’alliance du sang, mais cette proposition fut éludée, sous prétexte qu’il se faisait tard, et la cérémonie fut remise au lendemain. Après avoir exactement reconnu la position du camp, le chef noir se plaça, avec ses 50 hommes, entre le retranchement et le reste de sa troupe. Le baron ne parut pas s’en inquiéter et se contenta de faire doubler les sentinelles. Le soir, les Sakalaves apportèrent du riz et demandèrent de l’eau-de-vie en échange : comme on en manquait, Benyowszky envoya le capitaine Paschke à bord du vaisseau pour en rapporter un baril. Cet officier dut y passer la nuit à cause du reflux qui l’empêcha de revenir à terre. Soudain, vers minuit, les matelots qui étaient de quart, entendirent plusieurs coups de canon et un feu de mousqueterie irrégulier : le camp était attaqué. L’équipage, pris de panique, voulut couper les câbles et partir ; les officiers parvinrent à grand’peine à le contenir jusqu’au matin.

Aux premières lueurs du jour, on fit des signaux, on tira des coups de canon et on renouvela les salves jusqu’à midi sans résultat. De loin, il paraissait que la maison, le magasin et le retranchement étaient détruits. Aucun blanc n’était visible : le rivage était couvert d’une foule de noirs ; de rares coups de fusil, que répétait l’écho des bois, semblaient annoncer la mort des derniers fugitifs. Le capitaine Davis se résolut à lever l’ancre à midi, et, après une pénible navigation de onze jours, il atteignit l’île d’Anjouan ; il y prit des vivres et parvint à gagner, le 18 août, le port d’Oïbo sur la côte de Mozambique. Là, le navire fut vendu au nom et au profit des armateurs Zollichofer et Meissonier. Quant à la destinée de Benyowszky et de ses 35 compagnons, les matelots et les officiers de l’intrépide n’en surent jamais rien et furent persuadés qu’ils avaient tous péri.

Or, l’Intrépide avait été vendu au capitaine d’un vaisseau marchand français, le Maréchal-de-Saxe. Cet officier rapporta au vicomte de Souillac, gouverneur des îles, ce qu’il avait appris, et ce