Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/178

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nommait Lambouin ; ce chef se rendit sur le rivage accompagné de 200 nègres bien armés. Il amenait des bœufs, à la grande joie de l’équipage. Le comte fit avec Lambouin l’alliance du sang ; cela consistait à se faire mutuellement une incision sur la poitrine et à boire le sang qui en découlait ; cette cérémonie se fit au bruit de toute l’artillerie du vaisseau. Après plusieurs conférences avec les indigènes, le comte décida de faire bâtir une maison pour lui-même et un magasin pour y déposer la plus grande partie des marchandises et surtout les munitions. Il déclarait cette opération nécessaire à cause du péril que courait la cargaison à bord d’un vaisseau mouillé près d’une côte bordée de rochers ; il disait qu’il serait facile d’envoyer le tout par des canots jusqu’à la baie d’Antongil.

Peu de jours après, au rapport de Paschke, il envoya son domestique au sieur Mayeur, qu’il prétendait être intendant de ses terres, avec ordre de lui expédier 250 noirs qu’il se proposait d’armer et d’employer à charger le bâtiment pour son retour.

Il est bien évident que Benyowszky trompait ses compagnons, puisqu’il n’avait ni domaines, ni intendant dans l’île. Pendant cet intervalle il paraît avoir changé souvent de dessein. Tantôt il voulait faire charger le navire de riz, tantôt de bois précieux. Rien en somme ne fut décidé : mais sa conduite donna lieu parmi ses compagnons à des conjectures fort peu honorables pour lui. Ils commençaient, un peu tard, à trouver du louche dans ses projets et à se défier de ses promesses. Sur ces entrefaites, on apprit que le roi des Sakalaves de Bouéni, avec qui Benyowszky avait été en querelle, pendant son premier séjour dans l’île, se rendait sur la côte sous prétexte de lui faire visite. Le baron donna l’ordre de débarquer trois pièces de canon et fit élever un petit retranchement, pour en imposer aux Sakalaves, au cas où ils voudraient commettre des hostilités.

Le 1er août, le chef de Bouéni arriva avec environ un millier d’hommes ; il laissa le gros de sa troupe à une lieue en arrière