Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/211

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de Louisbourg à la Plaine, il y a au moins dix îles, toutes très vertes, couvertes des mêmes herbes ou arbustes que les bords de la rivière et de l’aspect le plus agréable… Tout nous avait paru charmant dans le voyage pendant les six premières lieues. Nous avions relâché et dîné au fort Saint-Jean. Ce poste, situé à trois lieues et demie par la rivière, mais à une lieue et demie seulement par terre, est un carré d’environ huit toises, entouré d’un simple rang de palissades qui ne sont pas pointues par le bout et sur lesquelles j’ai craint de m’appuyer pour regarder dans la rivière. Il y a dans l’intérieur une case pour l’officier, formant deux chambres construites en palissades et couverte en paille, à côté une petite cuisine en paille. Hors du fort, environ à trente pas, est un bâtiment en palissades aussi couvert en paille, servant de caserne. La dépense totale de cet établissement peut être de quatre à cinq cents livres… Les sept ou huit soldats qui occupent ce poste, quoiqu’ils eussent l’air presque aussi malades que les autres, nous assurent qu’ils s’y portaient mieux qu’à Louisbourg… L’artillerie du fort Saint-Jean est deux petits canons d’une livre de balles et deux pierriers. Nous partîmes très satisfaits et fîmes encore deux lieues et demie au travers du plus beau pays, rencontrant de temps en temps des habitations de noirs. J’ai compté treize petits hameaux, depuis Louisbourg jusqu’à la Plaine. Ils sont au plus habités par deux cents personnes… Enfin, vers les cinq heures, le cours de la rivière nous conduisit entre des montagnes ; nous fîmes encore à peu près une lieue et arrivâmes à cette Plaine de Santé qui est située à l’extrémité d’un bassin entouré de montagnes très hautes, toujours couvertes de brouillards. Nous jugeâmes tous ce que ce lieu était le plus malsain de tous ceux que nous avions parcourus jusqu’alors. Tous les nuages, depuis Louisbourg, vont se rendre et se condenser en pluie dans ce bassin et je suis persuadé qu’il n’y a pas dix jours sereins dans l’année. La position militaire est aussi mal choisie : on peut très aisément être surpris… Le soi-disant fort appelé fort Auguste est situé sur la pointe d’une montagne en pain de sucre d’où on ne peut tirer qu’aux corneilles… Ce fort Auguste est, comme le fort Saint-Jean, un carré de huit toises entouré de palissades entièrement pourries et en plus mauvais état encore que ce que nous avons vu. Il y a dans le carré trois mauvaises paillottes, petites cabanes en paille pour casernes et cuisines. On y monte par cent cinquante marches et l’artillerie, composée de quatre canons de trois livres de balles, ne peut battre que les oiseaux qui s’élèvent jusqu’au niveau de la montagne. Au pied de ce morne est l’établissement :