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PRÉFACE

Nulle histoire ne ressemble plus à un roman que celle du baron de Benyowszky ; il est peu d’auteurs parmi ceux dont on vante l’imagination qui aient prêté à leurs personnages autant d’aventures qu’il s’en attribue à lui-même dans ses Mémoires.

Que ce gentilhomme hongrois, combattant pour la liberté de la Pologne, tombe aux mains des Russes, soit exilé au delà de la mer d’Okhotsk, dans des régions à peine parcourues jusqu’alors par les chasseurs de fourrures, on accordera qu’il y avait là matière à de beaux souvenirs de voyage et qui eussent peut-être compensé les souffrances de l’exilé par la gloire de l’explorateur. On ne connaissait guère en 1770 les lointaines provinces de l’empire des tsars, steppes vides, forêts inertes de l’extrême Sibérie, ports glacés du Pacifique où nul vaisseau parti d’Europe n’avait jamais abordé. Mais cet exil, qui serait le plus notable événement d’une vie commune, n’est que le premier, presque le moindre de celle-ci. À peine rendu au Kamtchatka, le baron soulève les autres bannis, s’empare de la place de Bolsheretzk et réduit la garnison à merci. Sur une barque de cinquante tonneaux, il se risque sur les mers inconnues qui baignent les côtes de Tartarie ; après cinq mois d’une navigation hasardeuse, il touche à Macao, trouve enfin des Européens et l’assurance de la liberté. Accueilli par le chef du comptoir français de