Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/42

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d’esclaves. La Bigorne, toujours puissant dans le pays, prit parti dans ces luttes pour quelques chefs ennemis de Dian-Haré qui fut battu et se retira vers la baie d’Antongil. Le commerce cessa et les vaisseaux français qui vinrent chercher dans ces régions des rafraîchissements furent forcés de retourner à l’île de France dans l’état le plus déplorable, Les capitaines se plaignirent ; on rappela La Bigorne. Il avait sans doute gagné quelque argent pendant les troubles, car il acheta dès son retour une habitation située à la rivière des Créoles du prix de 30,500 livres. Ce personnage ne revint à Madagascar qu’en 1767, après la mort de Dian-Haré, qui fut à cette époque remplacé par son fils Hiavy.

Après la paix de Paris en 1763, la Compagnie des Indes, ruinée, remit entre les mains du roi les îles de France et de Bourbon. Il y avait à l’île de France, d’après le recensement fait cette année-là, 348 habitants ou planteurs, 3,971 nègres, 2,817 négresses, 1,170 négrillons, 812 négrittes et 3,546 bœufs. La Compagnie entretenait dans l’île 80 employés, 149 ouvriers, un certain nombre de soldats, de lascars et de pions. En 1766, le roi désigna de nouveaux conseillers et nomma gouverneur général le sieur Dumas, maréchal de camp, auquel on adjoignit le commissaire général Poivre faisant fonction d’intendant. Ce dernier mérite quelque attention : né à Lyon en 1719, après quelques études de théologie et de sciences naturelles, il entra dans la société des Missions étrangères. Il passa à la Chine en 1741 et s’arrêta en Cochinchine ; mais le climat lui étant devenu insupportable, il dut se rembarquer pour la France au bout de deux ans. Le vaisseau qui le portait fut surpris dans le détroit de Banca par l’escadre du commodore Barnet : dans le combat qui s’ensuivit, Poivre eut le bras droit emporté. Il guérit de sa blessure, séjourna à Batavia, parvint à gagner Pondichéry et passa de là aux îles. Il proposa au gouverneur David d’enlever quelques plants de girofliers et de muscadiers pour les acclimater à Maurice. N’ayant pu obtenir les fonds nécessaires à