Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il n’est pas un Français qui doive s’étonner d’une telle insouciance.

Il ne paraît pas que M. de Boynes ait eu le loisir de s’occuper à nouveau de Madagascar. Mais l’année suivante, Turgot, avant de prendre le contrôle général, fut, pendant quelques semaines, ministre de la Marine. C’est lui qui reçut la correspondance expédiée en décembre 1773 de l’île de France : l’intendant Maillart avait eu, dès les premiers jours, quelques contestations avec Benyowszky et ses lettres portaient des marques évidentes de son mécontentement. Turgot crut devoir déterminer, par une lettre en date de juillet 1774, le dessein conçu par son prédécesseur : « Tout devait se réduire, répondit-il, à un simple poste à la faveur duquel on pût former des liaisons utiles avec les principaux chefs du pays. On a soumis l’établissement et celui qui en était chargé, à votre autorité ; je ne puis me dissimuler, par la lecture que j’ai prise de la correspondance de M. de Benyowszky, combien cet officier s’est écarté de ses instructions ; mais il ne peut ni ne doit agir qu’en conséquence de vos ordres, et, d’après ce principe, j’ai lieu d’espérer que vous ne négligerez rien pour conduire à la perfection cet établissement. Je vous exhorte à veiller directement à la conduite de cet officier, à n’accéder à aucune de ses demandes, si elles ne sont parfaitement conformes aux intérêts de Sa Majesté et au bien de son service. »

Il écrivait en même temps au baron :

« Je ne puis vous dissimuler ma surprise à la lecture de vos projets sur Madagascar ; au lieu d’un simple poste de traite, c’est une colonie que vous y voulez fonder. Il faut, Monsieur, abandonner toutes ces idées pour revenir aux principes consignés dans vos instructions. Ce n’est point une colonie, mais un simple poste qu’il faut établir. Les armes et les munitions de guerre qu’on vous a accordées ne sont pas destinées à faire des conquêtes, mais à assurer votre établissement. Quoiqu’on vous ait marqué que la correspondance que vous seriez obligé d’avoir avec MM. de Ternay et Maillart