Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/75

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de comptable auprès du baron ; mais, cet homme semblait se considérer comme délégué de Maillart et, par suite, comme indépendant de Benyowszky. Celui-ci, peu au fait des habitudes administratives et arguant Maillart de mauvaise volonté, lui rappelait que si le roi lui ordonnait d’entretenir une correspondance avec le chevalier de Ternay, il n’était pas obligé de prendre ses ordres pour l’accomplissement de sa mission, Nous avons vu combien les lettres du comte de Boynes étaient ambiguës : il est pourtant certain qu’à Paris on n’avait jamais pensé accorder à Benyowszky une pleine indépendance ni voulu imposer à l’intendant des îles l’obligation de subvenir sans compter à toutes ses fantaisies. Ainsi, Benyowszky, trouvant sa troupe trop peu nombreuse, avait eu l’idée de lever une compagnie franche de chasseurs ; il en demanda à M. de Ternay la permission qui lui fut accordée, mais à condition que la levée serait faite à ses frais. Or, l’opération commencée, Benyowszky, oubliant son engagement, demanda une première fois 10,000 livres pour la levée des hommes, et, une seconde fois, 12,000 sans rien spécifier, se contentant d’avertir qu’il rendrait de cette dernière somme un compte spécial à Paris. L’ordonnateur Vaisse, au reçu de ces demandes, en référa à Maillart ; celui-ci, estimant ces dépenses non justifiées et s’appuyant sur la lettre du ministre qui déclarait que l’expédition de Madagascar ne devait occasionner aucune dépense extraordinaire, considérant d’autre part que ni lui ni M. de Ternay n’avaient été mis au courant, comme il convenait, des plans du baron, refusa à Vaisse l’autorisation de verser les fonds demandés. Alors s’engagea entre le baron et Maillart une correspondance aigre-douce où l’aventurier, habitué à ne compter qu’avec lui-même, et le bureaucrate rigide apportèrent l’un sa fougue et son impatience de toute discipline, l’autre l’esprit méticuleux et procédurier qui fait parfois la force, parfois la faiblesse, en tout cas le renom de l’Administration française.

« L’obstination du sieur Vaisse, écrivit le baron à Maillart, pour