Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/76

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me contrarier et arranger tout à sa fantaisie, me détermine à vous marquer mon mécontentement. M. de Marigny vous énumérera plusieurs démarches sinistres du sieur Vaisse et j’ose vous assurer que j’éprouve de sa part une stupide exorbitance depuis sa nomination. »

« Il est hors de toute règle, répondit Maillart, que je fasse donner des fonds du roi sans en connaître l’emploi, et les ordres du roi ne me prescrivent pas de vous faire donner des fonds de manière autre que celle ordinaire et de règle pour toutes les dépenses de Sa Majesté. » Suivaient quelques explications sur les us de la comptabilité publique et l’affirmation que Vaisse demeurait lié par les règles ordinaires et subordonné à Maillart : « Il n’a rien à faire dans la partie qui vous concerne, disait justement l’intendant, mais il est responsable de la sienne et n’en est comptable qu’à moi. » Cette leçon de droit public paraît avoir irrité le baron qui répliqua le même jour : « Je ne suis pas surpris de vos expressions : vous avez trop ouvertement déclaré vos souhaits concernant ma mission pour en attendre des autres de votre part… M. Vaisse suivra tant qu’il voudra vos ordres : ils n’ont rien de commun avec moi. Le ministre en est instruit déjà par mes précédentes lettres, de ce choix que vous avez fait. Je me passerai bien d’un ordonnateur de cette espèce. Je vous prie et vous exhorte de le remplacer par un autre, sinon vous ferez très bien de ne m’en donner aucun… Après toutes vos démarches et réponses que vous m’avez faites, je ne vois qu’une forte mauvaise volonté de votre part. La correspondance ne nous servirait plus qu’à aigrir et entretenir le malentendu. Je la finirai donc et suivrai les ordres du ministre (24 décembre 1773). » Rien n’était moins administratif que ce style et l’on comprend que Maillart-Dumesle en ait été surpris. Il répliqua que sa manière d’être et de servir le roi répondaient suffisamment aux insinuations du baron et que, puisque le baron ne voulait pas du sieur Vaisse, on ne lui donnerait personne, qu’il demeurerait ainsi responsable devant le ministre et le roi.