Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

avoir donné sa situation comme désespérée, il reprend le ton épique pour donner l’état de son établissement en janvier 1776. Il prétend alors avoir mis plus d’un tiers de l’île sous la domination du gouvernement ; il attend les ordres de Sa Majesté pour faire faire dans le pays ce qu’il lui plaira, il demande des lois pour civiliser les provinces soumises dans la dernière guerre qu’il a soutenue contre divers chefs du pays. Pour donner à la ville de Louisbourg la salubrité qui lui manquait lorsqu’il l’avait fondée, il a enfin comblé les marais dont elle était entourée au moyen d’une terre artificielle formée d’un mélange de charbon de bois, de roche et de sable. Il a remplacé par des maisons en charpente, dans le goût d’Europe, les cabanes primitives de paille entrelacée, grossièrement couvertes d’écorce d’arbre. Il a élevé un fort auquel il a donné le nom de Fort-Louis, soutenu par des ouvrages avancés et défendu par 12 canons ; cela met la ville à l’abri de toute insulte. Les plus riches naturels du pays, le voyant en état de défense, sont venus d’eux-mêmes se mettre sous sa protection. Les maladies, si fréquentes dans le principe, diminuent sensiblement : il n’a perdu en six mois que 2 hommes. Il répond enfin de l’avenir de Madagascar. Il ajoute qu’il s’était réservé sur la rive gauche de la rivière de Tinguebale une étendue de terrain capable de contenir 1,200 familles, dans un canton tout rempli de cannes à sucre et d’indigo, propre, d’ailleurs, à la culture et à l’entretien des troupeaux. Pour soutenir cette possession, il avait fait construire un fort en terre appelé fort Saint-Jean. À 5 lieues au delà du fort Saint-Jean était le fort de la Plaine-de-Santé. Il ne fallait plus que des hommes et de l’argent pour faire de Madagascar une véritable colonie. Il pensait pouvoir tirer tous les ans de l’île 1,500 nègres et 800 négresses sans dépeupler le pays au prix avantageux de 18 piastres au lieu de 65 qu’ils coûtaient autrefois.

Une lettre, en date du 2 janvier 1776, renferme un nouvel état des diverses provinces alliées au gouvernement et qui se sont soumises à