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SUR LE DIVORCE

de répudiation. Mais quel rapport pourroit-on trouver entre le divorce reçu chez les Romains et celui qu’on vient d’adopter ? L’un étoit à la fois une loi d’esclavage et de modestie, l’autre une loi de liberté et d’audace. À Rome, le divorce étoit le gardien de la pudeur ; en France, il en sera le corrupteur. Et, si l’on eût admis parmi nous la répudiation telle qu’elle fut autorisée chez les Romains, les femmes en auroient été toujours les victimes ; l’on n’eût aimé en elles que des charmes passagers, et, dans la dépravation de nos mœurs, la première trace du temps auroit donné le signal d’une séparation ; les mariages n’auroient eu que la durée d’un printemps, et la rose décolorée eût été cruellement séparée de sa tige et livrée sans appui à tous les orages de la vie.

Cependant, et malgré la partialité d’une loi qui ne laisseroit qu’aux hommes la liberté du divorce, cette forme blesseroit moins les bonnes mœurs, qui, d’accord avec la nature, donnent toujours aux femmes le privilège d’une vertu de plus.

Si le divorce étoit permis, l’opinion sur les devoirs des femmes changeroit peut-être, et, le