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RÉFLEXIONS

mariage ayant presque les apparences d’une simple galanterie, la douceur, l’indulgence, la soumission même, et toutes les qualités de sacrifice qui entretiennent la paix intérieure, seroient moins estimées ; la fierté reprendroit tous ses droits : car, s’il est beau de s’humilier sans cesse devant ses sermens et ses devoirs, il est vil de fléchir continuellement devant de simples convenances d’état ou de fortune.

Tant qu’ils ne sont qu’amans nous sommes souveraines,
Et jusqu’à la conquête ils nous traitent en reines ;
Mais après l’hyménée ils sont rois à leur tour.

Si Pauline avoit voulu faire divorce avec Polyeucte pour épouser Sévère, Corneille ne lui auroit jamais prêté ce langage, dont tout le charme dépend de la vérité des sentimens et des situations, du doux souvenir d’un empire qui n’est plus, et du vertueux abandon de ses propres volontés.

Je sais qu’une infidélité rompt tous les sermens, et que le divorce est prononcé par le crime ; mais, dans ce cas, le divorce est une flétrissure pour le coupable et un malheur pour l’offensé ; et il ne peut pas être plus permis au