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RÉFLEXIONS

plus imposans et plus terribles que les déserts et les forêts, car la nature s’y fait entendre encore quelquefois.

Deux époux attachés l’un à l’autre marquent les époques de leur longue vie par des gages de vertus et d’affections mutuelles ; ils se fortifient du temps passé, et s’en font un rempart contre les attaques du temps présent. Ah ! qui pourroit supporter d’être jeté seul dans cette plage inconnue de la vieillesse ? Nos goûts sont changés, nos pensées sont affoiblies, le témoignage et l’affection d’un autre sont les seules preuves de la continuité de notre existence ; le sentiment seul nous apprend à nous reconnoître ; il commande au temps d’alléger un moment son empire. Ainsi, loin de regretter le monde qui nous fuit, nous le fuyons à notre tour ; nous échappons à des intérêts qui ne nous atteignent déjà plus ; nos pensées s’agrandissent comme les ombres à l’approche de la nuit, et un dernier rayon d’amour, qui n’est plus qu’un rayon divin, semble former la nuance et le passage des plus purs sentimens que nous puissions éprouver sur la terre à ceux, qui nous pénétreront dans le ciel. Veille, grand Dieu,