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ÉTUDE

peu droite s’animait d’une fraîcheur éclatante et s’adoucissait de ses yeux bleus pleins de candeur. Sa taille élancée n’avait encore que de la dignité décente, sans raideur et sans apprêt. Telle elle apparut à Gibbon dans un séjour qu’elle fit à Lausanne[1]. »

Le futur historien de l’Empire romain était, — même en ces années de jeunesse qu’il passa à Lausanne lors de son premier séjour dans cette ville où l’exil lui fut si doux qu’il y revint plusieurs fois et s’y fixa plus tard assez longtemps pour y écrire son chef-d’œuvre, — aussi curieux d’idées que placide de sentiments. Il n’était hardi et actif qu’intellectuellement, et c’est pour lui faire cuver, selon son dire, en un pays rassis et dans un air grave et méthodique, sa première ivresse d’esprit, à la suite de laquelle il avait embrassé précocement le papisme qu’il devait abjurer non moins précocement, que son père l’avait envoyé d’Oxford à Lausanne. Il ne vit pas impunément celle qu’on n’appelait que la belle Curchod, et ressentit à sa vue cette impression enthousiaste que Stendhal a appelée le

  1. Sainte-Beuve, Causeries du Lundi, t. iv, p. 240, 241