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Page:Curchod - Réflexions sur le divorce, 1881.djvu/21

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SUR MADAME NECKER

un homme plus grave encore que Gibbon et avait dérangé l’équilibre que cherchait et perdait parfois après avoir cru le trouver, entre son inspiration et sa raison, entre son esprit et son cœur, l’original bonhomme, le célèbre physicien philosophe de son pays, Georges Le Sage. Il tenta, lui aussi, de nouer avec elle le roman de sa quarantaine et de lui faire agréer, en vue d’un dénouement légitime, ce commerce de coquetterie ingénue, d’un côté, de raisonnable tendresse, de l’autre, ce mélange à dose pondérée d’amour et d’amitié fait pour caresser la tête sans trop chatouiller le cœur, qu’il avait, en raison de ce double ingrédient, baptisé du nom encore plus bizarre que charmant d’amouritié.

Suzanne Curchod, qui n’avait pas été indifférente à l’appât sérieux d’un mariage avec Gibbon, ne parait que s’être amusée de la recherche honorable, mais un peu singulière comme lui, du quadragénaire Le Sage et de ses velléités matrimoniales, qu’elle détournait en souriant sur une de ses amies, Sophie K…, ainsi qu’il résulte du journal du philosophe à la date du 27 décembre 1762[1].

  1. A. Sayous, le Dix-huitième siècle à l’étranger, etc., Paris, Amyot, 1861, t. ii, p. 36.