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SUR MADAME NECKER

Eaux, aux environs de Lausanne, et la chaire une estrade de verdure à l’ombre d’un bouquet d’arbres. Le spectacle tenta une femme du monde parisien, Mme de Vermenoux, que la renommée et la sympathie universelle y avaient attirée. Elle se prit de bienveillance pour celle que Voltaire, plus tard, par allusion à ses triomphes académiques, appelait la nouvelle Hypatie[1] et la ramena avec elle à Paris. Cette riche et jeune veuve, ennuyée de sa liberté, hésitait encore pourtant à la sacrifier aux vœux de M. Necker, déjà riche banquier, membre de la Compagnie des Indes et âgé à ce moment de trente-deux ans. À peine le prétendant eut-il vu à Paris, chez Mme de Vermenoux, Mlle Curchod, qui, en attendant mieux, lui servait de secrétaire et de demoiselle de compagnie, que ses hommages changèrent d’objet. Puis, sans qu’il y ait eu dépit de la bienfaitrice, ni ingratitude de la protégée, ni infidélité de l’amant, les choses tournèrent, dans cette jolie et honnête comédie des variations du sentiment, au dénouement naturel d’un mariage qui ne fit que des heureux (décembre 1764).

  1. Sayous, t. ii, p. 82. — Sainte-Beuve, Causeries du Lundi, iv, p. 244-245.