Page:Curchod - Réflexions sur le divorce, 1881.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
ÉTUDE

lui fallait introduire, sans provoquer les susceptibilités et les jalousies qui font presque toujours sombrer de pareilles entreprises, ses vendredis littéraires et ses mardis intimes dans les habitudes et les prédilections d’une clientèle ombrageuse et blasée, déjà inféodée aux lundis et aux mercredis de Mme Geoffrin, aux mardis d’Helvétius, aux mardis et aux dimanches du baron d’Holbach, sans compter bien d’autres réunions d’un moindre éclat. Il fallait éviter de paraître faire la moindre concurrence à l’influence, depuis si longtemps accréditée, des trois grands centres de la domination féminine à la fin du XVIIIe siècle, des trois sanctuaires de la conversation mondaine, politique, philosophique et littéraire ; ne pas se brouiller enfin, en leur disputant leurs sujets, avec les trois puissances qui auraient pu se coaliser pour l’écraser : le salon de Mme Geoffrin, le salon de Mme la maréchale de Luxembourg, le salon de Mme du Deffand. Si le succès était difficile et flatteur, un échec eût été la ruine des plus nobles ambitions, des plus chères espérances de Mme Necker.

En quelques années qui ne furent ni sans efforts ni sans déceptions, Mme Necker parvint pourtant à ce résultat que, bien loin de se brouiller