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SUR LE DIVORCE

rayons du soleil, ne se développe qu’en les rassemblant dans un même foyer. Le mariage réunit nos affections éparses ; il met deux âmes en communauté de vie, et la différence des sexes et des facultés empêche que ces deux âmes ne soient jamais rivales : les hommes aiment la gloire, les femmes en montrent la route et décident les succès ; ce sont les blanches colombes qui conduisirent Énée à l’arbre du rameau d’or. Cette diversité de talens et de goûts et cette ressemblance de nature et de sentiments commencent l’harmonie entre les époux, et l’habitude la perfectionne ensuite ; car le premier attrait de la jeunesse n’est qu’un premier lien qui soutient deux plantes nouvellement rapprochées, jusqu’à ce qu’ayant pris racine l’une à côté de l’autre, elles ne vivent plus que de la même substance : ainsi, et sans autre exception que celle du vice en ses honteux écarts, des époux, pris de la même classe pour que leur éducation soit pareille, trouvent dans leur nature, dans leurs penchans et dans leur réflexion, des moyens d’être ensemble plus heureux, plus vertueux et plus utiles qu’ils ne l’auroient été dans le célibat, ou par un changement de lien ;