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RÉFLEXIONS

et si le Créateur, dont toutes les volontés se manifestent par des actes réels, ne nous avoit pas donné une nature flexible, qui obéit à l’habitude et à des réflexions répétées, il auroit désigné de quelque manière visible les personnes destinées irrévocablement l’une à l’autre ; c’est en se conformant à ce principe qu’il a créé les animaux, dont les espèces ne se confondent jamais. Ne leur assimilons donc point la nature humaine, puisque les oppositions de caractère ne sont pas invincibles comme les résistances de l’instinct animal. La concorde dans le mariage peut résulter, presque généralement, de l’empire des hommes sur eux-mêmes et de l’empire de l’habitude sur les hommes ; et non seulement des qualités diverses, comme nous l’avons dit, contribuent à serrer fortement les nœuds du mariage, mais les défauts mêmes, bien mis en œuvre, si l’on peut s’exprimer ainsi, servent quelquefois au bonheur des époux : l’esprit et la bêtise forment souvent le protecteur et le protégé ; et l’on peut dire dans le sens propre, tout sert en ménage ; ainsi qu’un homme d’esprit l’observoit figurativement de César, qui tira parti d’un mauvais augure pour ranimer le