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sur le divorce

polies de se toucher dans tous les points.

Loin de croire que les époux se respecteroient et se ménageroient davantage sous la loi du divorce, je présume qu’ils chercheroient moins à se plaire mutuellement. L’ami de Mme de Sévigné ne voulut jamais prendre la peine de se raser avant de savoir si sa tête étoit à lui ou à ses juges.

Pourquoi suivre dans l’institution du mariage un plan contraire à l’instinct que nous a donné la nature ? Nous voulons, dans les objets qui agissent sur nos sens, dans ceux qui frappent notre imagination, et dans toutes nos affections morales, la propriété, la durée de la propriété, l’antériorité même de la propriété. Et les hommes, ces êtres éphémères, possesseurs incertains du jour même qu’ils ont commencé, ne comptent cependant leurs courtes heures que dans le vague de l’infini ; ils ne daignent pas même décorer des possessions viagères. Cette idée accessoire d’une durée incommensurable, si essentielle en général pour soutenir notre intérêt, a bien plus d’influence encore sur les jouissances de l’âme : l’on diroit que ses plaisirs tiennent un peu de la nature divine