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sur le divorce

rien à rendre. Dans la première et douce relation des pères avec les enfans, tous les dons et tous les sacrifices ne viennent que d’une part ; il est donc juste que l’avenir compense le passé, et que l’amour et les soins des enfans suivent jusqu’au tombeau, et par delà le tombeau, ceux qui les ont protégés dès leur naissance et même avant leur naissance ; le respect filial rend aux vieillards toutes les espérances et presque tous les biens de la jeunesse, comme ces moissons de violettes qui croissent dans nos Alpes, à côté des montagnes de glace, et qui les parfument de leur ambroisie. Mais ces sentimens ne s’établissent jamais dans des unions passagères ; et l’on doit même attribuer au divorce, non seulement l’affoiblissement du respect filial, tel qu’il nous est ordonné par la nature, mais encore la perte de sa représentation, telle qu’on la rencontre dans un beau-fils ou dans une belle-fille : et Ruth et Noémi ne sont pas les seuls exemples de ces affections entées sur de nouvelles tiges. Dans un temps où les mœurs étoient si simples et si pures, les femmes mêmes dont les vertus avoient le plus d’éclat suivoient cependant la pente naturelle de leur siècle sans