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réflexions

l’origine, à la tige de toutes les autres ; le respect filial, la plus pure et la plus sublime de toutes les affections, après celle qui nous élève à l’Être suprême ; le respect filial, qui paroît le premier échelon de l’amour divin, si l’on peut s’exprimer ainsi, car ces deux amours sont fondés sur la reconnoissance, sur des bienfaits reçus, avant même que nous puissions en avoir la conscience ; l’enfant soumis à ses parens s’accoutume, dès les premiers momens de sa vie, à confondre ses devoirs avec ses sentimens et à n’en faire jamais l’odieuse distinction ; le respect filial semble préluder à l’hommage que notre esprit plus exercé doit rendre un jour au père de tous les hommes, à la première source de tous les biens dont nous jouissons ; la piété filiale devance dans le jeune enfant une piété plus sublime ; et c’est la route ordinaire de notre intelligence, où les sentimens précèdent les actes purs de la pensée ; gradation analogue à notre foiblesse et à notre perfectibilité ; le respect filial et l’amour divin sont deux devoirs contractés avant de les connoître, et avant de se connoître ; car l’enfance est ordinairement la seule époque de la vie où l’on reçoit sans avoir