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réflexions

mentent, par de sinistres rapprochemens, l’horreur qu’ils veulent inspirer pour les femmes parjures ; ils agrandissent le forfait par l’épouvante, et le remords est dans leurs tragédies l’excès de la désolation. Chez eux le crime est toujours l’épisode du vice ; les femmes, comme les vestales, ne pouvoient manquer à leur engagement sans être abandonnées du Ciel et des hommes. Phèdre, tourmentée par une passion criminelle, croit voir les juges de l’enfer reculer à son aspect, et l’urne tomber de leurs mains. Comparez cette allégorie avec celle d’un opéra de Panard, où le fossé du scrupule est sauté légèrement par une nymphe charmante : les grâces la soutiennent et l’applaudissent. Cette manière de voir paroît d’abord plus douce et plus civilisée ; cependant les conséquences sont fort différentes pour la nation où de telles libertés d’imagination sont adoptées : elles apprivoisent la pudeur, et par une association qui paroît d’abord un contraste dont l’enchaînement ne se montre qu’à des yeux exercés, les mœurs faciles amènent les mœurs féroces, et les mœurs austères sont accompagnées des plus douces vertus : car, quand les femmes renoncent