tion qu’en la prononçant davantage et en l’exagérant un peu : c’est ainsi que les poètes grecs ont peint des plus vives couleurs les funestes suites des querelles domestiques ; et si le divorce n’a pas été désigné directement dans leurs fables morales, c’est sans doute parce qu’il n’étoit admis ni par les lois ni par les mœurs : car les fautes des femmes y sont punies si sévèrement, les liens du mariage y paroissent si sacrés pour elles, qu’on doit en conclure qu’ils étoient indissolubles et que ce peuple avoit décidé, comme Jésus-Christ, que le divorce et l’adultère étoient synonymes. Les Grecs avoient mis la pureté des mœurs des femmes sous la garde d’une terreur vague et indéfinissable, produite par l’affreux enchaînement de tous les crimes et de toutes les vengeances. Hélène est infidèle, et Troie est en cendres. Clytemnestre trahit son époux, et bientôt après elle l’assassine. Oreste tue sa mère pour venger la mort de son père, et il est livré à toutes les Furies. Observons ici qu’un moyen infaillible de connoître parfaitement les opinions et les mœurs d’une nation, c’est d’en juger sur l’association des idées. Les Grecs aug-
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