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PRÉFACE

La concision du texte est surtout remarquable dans les Mémoires théoriques sur les questions d’ordre et la symétrie. Bien que ces Mémoires soient courts et presque uniquement composés d’énoncés de théorèmes dont la démonstration est seulement indiquée, la rédaction est néanmoins extrêmement claire, et cela grâce au soin constant de mettre en évidence le contenu physique de chaque proposition. Le travail sur la symétrie dans les phénomènes physiques est particulièrement caractéristique à ce point de vue, et je ne puis mieux faire que d’en extraire, à titre d’exemple, l’énoncé suivant de la loi de la symétrie :

Lorsque certaines causes produisent certains effets, les éléments de symétrie des causes doivent se retrouver dans les effets produits.

Lorsque certains effets révèlent une certaine dissymétrie, cette dissymétrie doit se retrouver dans les causes qui leur ont donné naissance.

La réciproque de ces deux propositions n’est pas vraie, au moins pratiquement, c’est-à-dire que les effets produits peuvent être plus symétriques que les causes.


C’est là un énoncé complet et intuitif de la loi de la symétrie sous son aspect le plus général, qu’il est légitime d’appeler loi de Curie.

Le soin qu’il apportait à éviter dans ses publications toute affirmation et même toute présomption insuffisamment fondée ne provenait pas uniquement du désir de restreindre la possibilité d’erreurs dans son œuvre publiée. C’était là surtout l’habitude d’un esprit soucieux de conserver son indépendance et sa liberté devant l’imprévu qu’apporte chaque jour la recherche expérimentale. Il s’attachait à considérer toute question à un point de vue très général, n’adoptant comme base solide que ce qui semblait définitivement acquis ; il ne voulait pas se laisser enchaîner par une