Page:Curie - Œuvres de Pierre Curie, 1908.djvu/392

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Ces faits pourraient, à la rigueur, s’expliquer par une variation continue de la force électromotrice de contact qui croîtrait dans d’énormes proportions avec le degré de vide. Cette manière de voir est peu vraisemblable. On explique, au contraire, nettement les phénomènes en admettant que les rayons secondaires émis par les métaux en expérience emportent avec eux de l’électricité négative et libèrent dans le métal la quantité complémentaire d’électricité positive. Le platine transformant les rayons Röntgen considérablement plus que l’aluminium, son émission d’électricité négative est de beaucoup plus considérable que l’émission opposée de l’aluminium, et le platine se charge positivement.

On peut renverser le phénomène en mettant l’aluminium en à l’intérieur et le platine mince autour de en ( fig. 1) ou (fig. 2). On constate alors que l’aluminium intérieur , soumis à l’émission secondaire du platine, recueille de l’électricité négative.

Nous avons fait varier la nature des métaux et constaté, en particulier, que le plomb et le platine sont parmi les métaux qui émettent le plus de charges négatives sous l’action des rayons X. Viennent ensuite l’étain et le zinc. Quant à l’aluminium, l’expérience déjà faite avec l’enceinte de Faraday tapissée extérieurement d’aluminium semble montrer que les rayons secondaires assez pénétrants de ce corps sont, comme les rayons Röntgen générateurs, dont ils diffèrent peu, sensiblement dépourvus de charge électrique. Ces résultats concordent ainsi avec ce que l’on sait sur la transformation des rayons Röntgen par les différents corps[1].





  1. G. Sagnac, Sur la transformation des rayons X par les différents corps, (Comptes rendus, loc. cit., 1897, 1898, 1899 et L’Éclairage électrique, t. XIX, p. 201-208 ; 13 mai 1899.)

    M. E. Dorn a annoncé que les rayons secondaires des métaux lourds sont déviés par le champ magnétique, et dans le même sens que les rayons cathodiques (Abhand. d. Naturf. Gesell. zu Halle. Bd. XXII, 1900, p. 40-42).

    L’un de nous avait antérieurement émis l’opinion que les rayons secondaires très absorbables des métaux lourds peuvent renfermer des rayons analogues à ceux de Lenard et déviables comme eux par l’aimant [G. Sagnac, Recherches sur les transformations des rayons Röntgen, Chap. I, 3e paragraphe : Rayons secondaires, rayons X et rayons de Lenard (L’Éclairage électrique du 12 mars 1898)].