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CRISTAUX HÉMIÈDRES À FACES INCLINÉES.

tionnalité entre la quantité d’électricité dégagée et la pression exercée[1].

Il résulte de ces propositions que, tandis qu’une pile permet de porter un conducteur à un potentiel déterminé, un condensateur-source permet de fournir à un conducteur une quantité déterminée d’électricité ; de plus cette quantité peut être choisie d’avance au-dessous d’une certaine grandeur.


III. La quantité d’électricité dégagée par un poids de 1kg placé sur une tourmaline est susceptible de porter une sphère de 14cm,2 au potentiel d’un daniell, c’est-à-dire qu’elle est égale à 0,0531 unité C. G. S. électrostatique.

La quantité d’électricité dégagée par un poids de 1kg sur une lame de quartz perpendiculaire à un axe horizontal est capable de porter une sphère de 16cm,6 au potentiel d’un daniell, c’est-à-dire qu’elle est égale à 0,062 unité C. G. S. électrostatique.

Ces nombres mesurent ce qu’on peut appeler les pouvoirs électriques de pression de la tourmaline et du quartz.


IV. Les mesures absolues, dont nous venons de donner les résultats, ont été faites à l’aide d’une potence qui appliquait la pression directement sur le cristal ; mais, quand on veut employer le cristal comme source d’électricité, il est plus commode d’exercer la pression à l’aide d’un levier, et il est indispensable de le maintenir en même temps dans une enceinte sèche. Il vaut mieux alors ne pas s’occuper des bras de levier et déterminer directement, une fois pour toutes, la quantité d’électricité qui se dégage pour un poids de 1kg placé à l’extrémité du levier ; si le cristal n’est jamais dérangé, il pourra servir d’étalon.

Voici, dans tous les cas, comment on peut évaluer la quantité d’électricité qui se dégage : l’aiguille d’un électromètre Thomson-Mascart étant chargée à l’aide d’une pile, on unit une des lames d’étain du cristal à la terre, l’autre lame à l’un des couples de

  1. Pratiquement, la limite au delà de laquelle cette loi doit ne plus se vérifier n’est jamais atteinte et la proportionnalité se maintient au degré d’approximation des expériences, jusqu’à des pressions voisines de celles qui déterminent la rupture du cristal.