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LES RAYONS α, β, γ DES CORPS RADIOACTIFS

Un noyau quelconque peut être considéré comme un assemblage de protons et d’électrons. Une particule α doit, dans ce cas, contenir 4 protons et 2 électrons. Cet assemblage qui paraît très stable, peut faire partie de noyaux plus complexes.

Dans les transformations radioactives, on doit admettre que les particules α et les électrons de désintégration proviennent du noyau, car l’individualité d’un atome est déterminée par le noyau et ne peut être modifiée que par une altération de celui-ci. Les rayons β secondaires proviennent de la région de l’atome extérieure au noyau.

3. — Groupes de rayons α. Spectre magnétique. Structure fine. Loi Geiger Nuttall.

La déviation magnétique des rayons α permet de mesurer le rayon de courbure R de la trajectoire circulaire que décrit un rayon, dans un champ uniforme d’intensité H, normal au plan de la trajectoire. La relation RH = Mv/E donne alors la vitesse si l’on suppose connu le rapport E/M. On admet que celui-ci est donné par la formule Lorentz Einstein E/M = EM0 ; β = v/c est le rapport de la vitesse de la particule à celle de la lumière ; E/M0 est le rapport de la charge E à la masse de repos M0, que l’on admet égal à 4823 unités électromagnétiques. Pour les rayons α, le rapport M/M0 est voisin de 1 et le produit RH est compris entre 2 x 105 et 5 x 105 ; on a environ R = 20 centimètres pour les rayons α de RaC’, si H = 20000 gauss. En raison de cette faible courbure de la trajectoire, la déviation des rayons α a été d’abord étudiée seulement par la méthode directe ; plus récemment la construction du grand électro-aimant de l’Académie des Sciences par A. Cotton a permis d’appliquer la méthode à foyer, grâce à la réalisation d’un champ de grande intensité entre des pièces polaires de 75 centimètres de diamètre, écartées de quelques centimètres. La fig. 3 représente le dispositif de la méthode directe (a) et celui de la méthode à foyer (b) primitivement utilisée pour l’étude des rayons β seulement.

Dans le premier cas, un rayon issu d’une source linéaire étroite S, placée dans un récipient étanche où l’on fait le vide, traverse le diaphragme D et produit sur la plaque photographique P, une raie située en O en absence du champ, en A ou A’ quand il existe un champ normal au plan de la figure. Dans le deuxième cas, le