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LES RAYONS α, β, γ DES CORPS RADIOACTIFS

que est plus grand. La particule excitée serait un proton ou une particule α. Si le niveau excité est suffisamment élevé, la particule pourra quitter le noyau en traversant la barrière de potentiel, sans que la particule α incidente soit captée ; la probabilité de ce phénomène parait faible, surtout pour ce qui concerne l’émission d’une particule α intranucléaire. S’il s’agit de protons, les vitesses d’émission formeraient un spectre continu, en relation avec la perte de vitesse du rayon α incident qui prend toute valeur entre 0 et la vitesse initiale. La transmutation avec capture de la particule α sur un niveau déterminé, conduirait, au contraire, à l’émission de groupes homogènes de protons (spectre de raies).

La probabilité de transmutation avec capture est particulièrement élevée si l’énergie du rayon α incident est voisine de celle d’un niveau intranucléaire. Cet « effet de résonance » laisse prévoir l’émission de groupes de protons pour des vitesses de rayons α comprises entre certaines limites.

Admettons que la quantité Q d’énergie libérée est fixe pour une transmutation nucléaire avec capture, et que le principe de conservation des quantités de mouvement s’applique. Connaissant l’énergie du rayon α incident et celle du proton de désintégration dont on a mesuré le parcours, pour une direction d’émission déterminée, on peut calculer l’énergie de recul du noyau et la valeur de Q. Celle-ci est à comparer avec la perte de masse par effet de condensation, dans le cas où la valeur exacte de la masse serait connue aussi bien pour le noyau primitif que pour celui qu’on suppose formé lors du choc.

Les travaux de divers auteurs ont mis en évidence l’émission de groupes définis de protons de désintégration[1] par certains éléments.

Les rayons α utilisés étaient ceux de RaC′, de ThC′ ou du polonium. Pour l’azote, un seul groupe de protons a été signalé ; la transformation a lieu probablement avec capture. Elle est accompagnée d’une absorption d’énergie ; on trouve environ Q = −1,3 × 106 électron-volts.

  1. Rutherford et Chadwick, Phil. Mag., 42 (1921), 809, Proc. Cam. Ph. Soc., 25 (1929), 186 ; Bothe et Franz, Zs. f. Phys., 49 (1928), 1 ; Pose, Zs. f. Phys., 64 (1929), 1 : 67 (1931), 194 ; Chadwick, Constable et Pollard, Proc. Roy. Soc., 130 (1931), 463 ; Chadwick et Constable, Proc. Roy. Soc., 135 (1932), 48 ; de Broglie et Leprince-Ringuet, C. R. 193 (1931), 132.