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LES RAYONS α, β, γ DES CORPS RADIOACTIFS

Le bore émet trois groupes de protons dont deux sont attribués à une transmutation avec capture et le troisième pourrait correspondre à une transmutation sans capture (valeurs de Q en électron-volts 4,7 × 106, 0,6 × 106 et −1,1 × 106).

L’aluminium émettrait aussi 2 ou 3 groupes de protons (valeurs de Q −3 × 106 et 0,25 × 106 électron-volts), et il semble qu’on ait observé aussi un effet de résonnance.

11. — Excitation de rayons très pénétrants dans les atomes légers sous le choc de rayons α. Projection de noyaux légers. Hypothèse du neutron.

En soumettant diverses substances au bombardement par les rayons α du polonium, Bothe et Becker ont observé que certains atomes légers émettent, dans ces conditions, un rayonnement de faible intensité, plus pénétrant que les rayons γ les plus durs observés chez les radioéléments. Ce phénomène a été interprété comme une émission de rayons γ par les noyaux, à la suite d’une excitation de ceux-ci, avec ou sans transmutation[1]. Tous les éléments depuis Li jusqu’à Al donnent cet effet, et c’est pour Be que le phénomène a la plus grande intensité ; viennent ensuite le bore et le lithium. Les observations de Bothe et Becker étaient faites à l’aide d’un compteur électrique. Le rendement en quanta paraissait du même ordre que celui de la désintégration.

Irène Curie et F. Joliot ont repris ces expériences, en mesurant, par un dispositif sensible, l’ionisation produite par les rayons pénétrants de Be, de B et de Li, et en ayant recours à de fortes préparations de polonium, comme sources de rayons α (de l’ordre de 100 millicuries). L’absorption de moitié du rayonnement de Be dans le plomb correspond à une épaisseur d’environ 4 cm. 7, d’où pour un rayonnement γ, un quantum de l’ordre de 15 × 106 volts.

L’étude de l’absorption de ce rayonnement, désigné pour abréger par le symbole (Po + Be), dans diverses matières interposées entre la source et la chambre d’ionisation, en masses superficielles égales, a fait ressortir ce fait inattendu que le courant (de l’ordre de 10−5 E. S.), mesuré avec des écrans de C, Al ou Cu est à peu près le même, mais beaucoup plus petit que celui qu’on observe avec des écrans de paraffine ou cellophane. I. Curie et F. Joliot ont

  1. Bothe et Becker, Zs. f. Ph., 46 (1930), 289 ; Naturw., 19 (1931), 753.