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PIERRE CURIE


C. CHÉNEVEAU. (Ass. Am. des anc. Élèves de l’École de Physique et de Chimie, avril 1006).

Il faut se souvenir de l’attachement que Curie avait pour ses élèves, pour comprendre la perte irréparable que nous avons faite.

Quelques-uns d’entre nous lui avaient voué, avec raison, un véritable culte. Pour moi, il était, après les miens, l’un des hommes que j’aimais le mieux, tant il avait su entourer son modeste collaborateur d’une grande et délicate affection. Et sa bonté immense s’étendait jusque sur ses plus humbles serviteurs dont il était adoré : je n’ai jamais vu de pleurs plus sincères, ni plus déchirants, que ceux qui furent versés par ses garçons de laboratoire à l’annonce de sa brusque disparition.

PAUL LANGEVIN. (La Revue du Mois, juillet 1906).

L’heure où l’on savait pouvoir le rencontrer et où il aimait à causer de sa science, le chemin qu’on faisait d’ordinaire avec lui, viennent chaque jour rappeler son souvenir, évoquer sa physionomie bienveillante et pensive, ses yeux lumineux, sa belle tête expressive modelée par vingt-cinq années passées au laboratoire, par une existence de travail opiniâtre, d’entière simplicité.

C’est dans son laboratoire que mes souvenirs, encore si récents, viennent plus volontiers me le représenter à peine changé, comme il advient pour ceux près desquels on vieillit, par les dix-huit années écoulées depuis que débutant timide et souvent maladroit, je commençai près de lui mon éducation expérimentale.

Entouré d’appareils pour la plupart imaginés ou modifiés par lui, il les maniait avec une adresse extrême dans des gestes familiers de ses longues mains blanches de physicien.