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PIERRE CURIE

cement à des projets d’activité sociale qui m’étaient chers. Ayant grandi dans une atmosphère de patriotisme entretenue par l’oppression exercée sur la Pologne, je voulais, comme tant d’autres jeunes gens de mon pays, contribuer par mes efforts à la conservation de l’esprit national.

Les choses en étaient là, quand, au début des vacances, je quittai Paris pour me rendre auprès de mon père en Pologne. Notre correspondance pendant cette séparation a contribué à resserrer entre nous le lien d’affection qui commençait à s’établir.

Pierre Curie m’écrivit durant l’été 1894 des lettres que je crois admirables dans leur ensemble. Aucune d’elles n’est très longue, car il avait l’habitude de la rédaction concise, mais toutes ont été écrites par lui dans le souci évident de se faire connaître à celle qu’il désirait pour compagne, tel qu’il était, avec une sincérité objective. La qualité même de la rédaction m’a toujours paru exceptionnelle ; nul n’était capable comme lui de décrire en peu de lignes un état d’esprit où une situation, de manière à en évoquer une image saisissante de vérité par des moyens très simples. Quelques fragments de ses lettres ont déjà été cités au cours de ce récit, et d’autres le seront par la suite. Il convient d’en reproduire ici quelques passages qui expriment comment il envisageait l’éventualité de son mariage :

« Nous nous sommes promis (n’est-il pas vrai ?) d’avoir l’un pour l’autre au moins une grande amitié. Pourvu que vous ne changiez pas d’avis ! Car il n’y a pas de promesses qui tiennent ; ce sont des