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M. CURIE.

fortement. On peut, par l’action du radium, provoquer facilement la condensation de la vapeur d’eau sursaturée, absolument comme cela a lieu par l’action des rayons cathodiques et des rayons Röntgen.

Sous l’influence des rayons émis par les substances radioactives nouvelles, la distance explosive entre deux conducteurs métalliques pour une différence de potentiel donnée se trouve augmentée ; autrement dit, le passage de l’étincelle est facilité par l’action des rayons. Ce phénomène est dû à l’action des rayons les plus pénétrants. Si, en effet, on entoure le radium d’une enveloppe en plomb de 2cm, l’action du radium sur l’étincelle n’est pas considérablement affaiblie, alors que le rayonnement qui traverse n’est qu’une très faible fraction du rayonnement total.

En rendant conducteur, par l’action des substances radioactives, l’air au voisinage de deux conducteurs métalliques, dont l’un est relié au sol et l’autre à un électromètre bien isolé, on voit l’électromètre prendre une déviation permanente, qui permet de mesurer la force électromotrice de la pile formée par l’air et les deux métaux (force électromotrice de contact des deux métaux, quand ils sont séparés par l’air). Cette méthode de mesures a été employée par lord Kelwin et ses élèves, la substance radiante étant l’uranium[1] ; une méthode analogue avait été antérieurement employée par M. Perrin qui utilisait l’action ionisante des rayons Röntgen[2].

On peut se servir des substances radioactives dans l’étude de l’électricité atmosphérique. La substance active est enfermée dans une petite boîte en aluminium mince, fixée à l’extrémité d’une tige métallique en relation avec l’électromètre. L’air est rendu conducteur au voisinage

  1. Lord Kelwin, Beattie et Smolan, Nature. 1897
  2. Perrin, Thèse de doctorat.