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RECHERCHES SUR LES SUBSTANCES RADIOACTIVES.

d’émanation, l’activité est devenue très faible. Peu à peu l’émanation s’accumule de nouveau dans le sel solide et le rayonnement en augmentant.

On peut admettre que le radium donne lieu à un débit constant d’émanation, dont une partie s’échappe à l’extérieur, tandis que la partie restante est transformée, dans le radium lui-même, en rayons de Becquerel. Lorsque le radium a été chauffé au rouge, il perd la plus grande partie de son pouvoir d’activation ; autrement dit, le débit d’émanation à l’extérieur est diminué. Par suite, la proportion d’émanation utilisée dans le radium lui-même doit être plus forte, et le produit atteint une radioactivité limite plus élevée.

On peut se proposer d’établir théoriquement la loi de l’augmentation de l’activité d’un sel radifère solide qui a été dissous ou qui a été chauffé. Nous admettrons que l’intensité du rayonnement du radium est, à chaque instant, proportionnelle à la quantité d’émanation q présente dans le radium. Nous savons que l’émanation se détruit spontanément suivant une loi telle que l’on ait, à chaque instant,

(1)


q0 étant la quantité d’émanation à l’origine du temps, et θ la constante de temps égale à 4,97 × 103 sec.

Soit, d’autre part, Δ le débit d’émanation fourni par le radium, quantité que je supposerai constante. Voyons ce qui se passerait, s’il ne s’échappait pas d’émanation dans l’espace ambiant. L’émanation produite serait alors entièrement utilisée dans le radium pour y produire le rayonnement. On a d’ailleurs, d’après la formule (1),


et, par suite, à l’état d’équilibre, le radium contiendrait