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M. CURIE.

Nous avons réalisé par hasard l’expérience dont il est question ici. Un échantillon de radium très actif était enfermé depuis longtemps dans une ampoule de verre. Pour ouvrir l’ampoule, nous avons fait avec un couteau à verre un trait sur le verre. À ce moment nous avons entendu nettement le bruit d’une étincelle, et en observant ensuite l’ampoule à la loupe, nous avons aperçu que le verre avait été perforé par une étincelle à l’endroit où il s’était trouvé aminci par le trait. Le phénomène qui s’est produit là est exactement comparable à la rupture du verre d’une bouteille de Leyde trop chargée.

Le même phénomène s’est reproduit avec une autre ampoule. De plus, au moment où l’étincelle a éclaté, M. Curie qui tenait l’ampoule ressentit dans les doigts la secousse électrique due à la décharge.

Certains verres ont de bonnes propriétés isolantes. Si l’on enferme le radium dans une ampoule de verre scellée et bien isolante, ou peut s’attendre à ce que cette ampoule à un moment donné se perce spontanément.

Le radium est le premier exemple d’un corps qui se charge spontanément d’électricité.


Action du champ électrique sur les rayons déviables β du radium. — Les rayons déviables β du radium étant assimilés à des rayons cathodiques doivent être déviés par un champ électrique de la même façon que ces derniers, c’est-à-dire comme le serait une particule matérielle chargée négativement et lancée dans l’espace avec une grande vitesse. L’existence de cette déviation a été montrée, d’une part, par M. Dorn[1], d’autre part, par M. Becquerel[2].

  1. Dorn, Abh. Halle, mars 1900.
  2. Becquerel, Comptes rendus, t. CXXX, p. 819.