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elle a été remplacée dans la plupart des cas par la méthode électrique.

La méthode fluoroscopique est basée sur la propriété que possèdent les corps radioactifs d’exciter par leurs rayons la fluorescence de diverses substances, telles que le sulfure de zinc ou le platinocyanure de baryum. Le phénomène n’est facile à voir qu’avec les substances fortement radioactives ; il est vrai qu’en se plaçant dans de bonnes conditions on peut le constater avec une substance telle que l’uranium ; cependant la sensibilité de la méthode est, en général, très limitée. Comme d’ailleurs il est difficile d’obtenir par ce moyen des résultats numériques, les applications de la méthode restent limitées principalement à des expériences qualitatives dont l’aspect est souvent très brillant, et dont l’utilisation est très commode dans les cours et dans les conférences.

On doit cependant signaler une application importante des écrans phosphorescents. L’expérience montre qu’une seule particule peut produire sur l’écran un effet lumineux. Cette propriété a été utilisée pour la numération des particules émises par les corps radioactifs.

La méthode électrique est la plus fréquemment employée dans les recherches de radioactivité et y a rendu des services inappréciables. Elle fournit des résultats numériques que l’on peut comparer entre eux. Cette méthode est basée sur la mesure de la conductibilité qui est produite dans les gaz, principalement dans l’air, par l’action des substances radioactives, ainsi que l’a montré H. Becquerel. Dès le début de nos recherches sur la radioactivité, nous avons employé, P. Curie et moi, une méthode de mesures électrométriques précise pour l’étude de la propriété nouvelle. Nous avons pu ainsi déterminer avec exactitude la radioactivité comparée des éléments chimiques, de leurs combinaisons et des minéraux naturels ; ces travaux ont abouti à la découverte des substances radioactives nouvelles, en particulier du radium. La séparation de sels de radium purs n’a été possible que grâce à la même méthode qui a servi constamment pour constater les progrès de la concentration, à partir de l’état de dilution extrême dans les minéraux, où le radium échappe entièrement au contrôle de l’analyse chimique et même de l’analyse spectrale.