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plaque par suite d’un dégagement de vapeurs ou de gaz ayant des propriétés réductrices ([1]). Les corps organiques peuvent émettre directement de telles vapeurs, et leur action est quelquefois très énergique ; les métaux, en s’oxydant aux dépens de la vapeur d’eau, peuvent donner lieu à un dégagement d’hydrogène : leur action est très lente.

Quand on a soin de se mettre à l’abri de ces causes d’erreur, ainsi que d’exclure la lumière ordinaire, la méthode radiographique peut rendre des services en permettant de réaliser l’accumulation d’effets faibles avec un temps de pose suffisant. Cette méthode convient très bien pour l’essai de la radioactivité des minéraux. On peut, par exemple, poser un fragment de la matière à examiner sur une plaque photographique enveloppée de papier noir, la couche sensible n’étant séparée de la matière que par une épaisseur simple de ce papier. Après un temps de pose qui est, en général, d’un ou plusieurs jours, on procède au développement de la plaque par les moyens ordinaires. On obtient ainsi, si la matière est active, une tache noire située à l’endroit qui se trouvait pendant l’exposition en face de la matière active, et dont le contour rappelle la forme de celle-ci. Un minerai non homogène donne lieu à la production d’une image dont les parties noires correspondent aux portions actives du minerai. La planche I représente une image obtenue avec un fragment de pechblende de Cornouailles ; le minerai actif forme des veines au sein d’une matière inactive, composée de sulfures métalliques.

La méthode radiographique est aussi très utile pour obtenir avec des dispositifs convenables l’image du trajet de faisceaux de rayons dans diverses conditions. Elle a été utilisée pour l’étude de la réflexion, de la réfraction et de la polarisation des rayons, pour l’étude de leur propagation dans un champ magnétique ou dans un champ électrique, pour la mesure du rapport et de la vitesse des rayons et , qui sont de nature corpusculaire.

Toutefois cette méthode a le grand inconvénient de ne pouvoir fournir aucune indication numérique suffisamment exacte, relativement à l’intensité des phénomènes radioactifs, et c’est pourquoi

  1. Russell, Proc. Roy. Soc., 1896.