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Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 1.djvu/22

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introduction


MM. Rutherford et Soddy est maintenant généralement adoptée.

D’après cette théorie il n’existe pas de substances radioactives invariables, mais chacune d’entre elles subit au cours du temps une destruction progressive plus ou moins rapide. Une substance radioactive chimiquement simple se détruit de telle manière que la vitesse de destruction est proportionnelle à la quantité présente ; par suite, cette quantité décroît suivant une loi exponentielle simple, caractérisée par un coefficient invariable qui dépend de la nature de la substance et peut servir à la définir. Ces coefficients, ou constantes radioactives, semblent indépendants des conditions expérimentales et susceptibles de constituer des étalons de temps. La destruction des atomes est assimilée à une explosion lors de laquelle des fragments d’atome peuvent être projetés avec ou sans charge électrique. Les produits résultants peuvent être soit inactifs, soit doués de radioactivité, et dans ce dernier cas l’atome nouvellement formé n’est pas lui-même stable, mais doit subir une nouvelle désintégration au bout d’un temps plus ou moins long.

Quand la destruction d’une forme de radioactivité éphémère a lieu suivant une loi complexe, cette loi peut toujours être représentée par une somme algébrique de termes exponentiels, qui s’interprète comme une succession de transformations simples en nombre limité. L’expérience a montré qu’en ce cas les divers termes de la série peuvent être considérés comme représentant des substances radioactives simples dont certaines ont pu être séparées.

En poursuivant l’analyse des phénomènes radioactifs, on arrive à établir, à partir d’une substance primaire, une suite de termes qui se succèdent l’un à l’autre dans la série des transformations radioactives. On obtient ainsi des familles d’éléments reliés entre eux par une parenté qui les rattache à une origine commune, mais parfaitement distincts ; telles sont : la famille du radium qui comprend aussi le polonium ; la famille de l’uranium, celle du thorium, celle de l’actinium. Le radium lui-même n’est pas une substance primaire, mais dérive probablement de l’uranium. On est amené à envisager actuellement l’existence d’environ 30 éléments radioactifs dont plusieurs, à la vérité, ne seront probablement jamais